En ces temps difficiles de confinement, on a tous tendance à passer des heures devant les écrans !
Alors pour changer un peu des infos angoissantes, je vous propose une petite série pour répondre à des questions qui me sont très souvent posées, et que vous vous posez peut-être !
« Comment fais-tu pour dormir en mer ? »
Sur un voilier, aller dormir signifie d’abord ne plus « être en veille ». La « veille » en mer, c’est garder un œil sur l’environnement immédiat du bateau, et garder une oreille sur le canal de sécurité de la radio.
Les risques en allant dormir ? Une collision avec d’autres navires (pêcheurs, cargos, concurrents…), un échouage, une dégradation de la météo etc.
Mais aussi, quand on est en course, dormir signifie qu’on ne barre plus, qu’on ne règle plus ses voiles, et qu’on ne peut plus prendre de décision stratégique (changement de route, manœuvre etc.). Donc la performance est dégradée.
Bref, dormir sur un Figaro, c’est pas l’idéal !!
Pourtant sur des courses de plusieurs jours, il est impensable de ne pas dormir !
Heureusement, je dispose à bord d’un pilote automatique dont je parle plus bas.
Pour le sommeil, la solution tient en deux points :
– Réduire mon temps de sommeil. C’est une évidence ! Moins on dort, plus on reste vigilant et performant. Alors où est la limite ? C’est la lucidité. En effet, rien ne sert de ne pas dormir si c’est pour être somnolent, et ne pas être capable de prendre les bonnes décisions quand il le faut ! Le temps de sommeil minimum dépend de chacun, mais aussi du profil de la course, de la météo etc.
Pour donner une fourchette large, sur La Solitaire du Figaro, le temps de sommeil sur 24h se situe entre 1h et 5h !
– Fractionner ce temps de sommeil en petits morceaux. Et oui, fractionner mon sommeil va me permettre de récupérer, tout en surveillant suffisamment souvent qu’il n’y a pas de danger autour de moi, et en s‘assurant que le bateau est bien réglé. Mes temps de repos varient de 10 à 45min en général.
Enfin il faut bien reconnaître que si c’est simple sur le papier, en mer c’est parfois bien difficile…
Pour dormir à bord de mon Figaro, je dispose d’une « bannette » de chaque côté du bateau.
C’est une toile tendue sur un cadre métallique. Mais comme elle sert aussi à ranger du matériel pour que le bateau penche moins, je dors aussi assis par terre au fond du bateau. Heureusement qu’en général je suis fatigué car l’inconfort m’empêche rarement de m’endormir !
Et dans tout ça, j’ai un allié précieux : mon réveil, et sa sonnerie stridente !
Car ne pas se réveiller d’une sieste pourrait vite devenir dramatique. Malheureusement, cela arrive fréquemment. L’anglais Alex Thomson, lors de la dernière Route du Rhum, en a fait les frais la dernière nuit de mer, alors qu’il avait quasiment course gagnée : il est allé percuter les falaises lors du contournement de la Guadeloupe !
Le plus important donc, ne pas oublier d’allumer son réveil avant une sieste !
« Quelle aide électronique et informatique as-tu à bord ? »
Mon Figaro est équipé de très nombreux capteurs qui me renseignent sur les paramètres du bateau et du vent.
On peut citer par exemple la vitesse du bateau, la force et la direction du vent, son angle avec le bateau, la profondeur, le cap suivi. Mais aussi la gîte, la température et j’en passe !
Ces informations, associées à mes sensations, me permettent de bien appréhender l’environnement du bateau. Et donc de le régler au plus juste et de faire le bon choix de route…
Par souci d’équité, tous les Figaro ont exactement les mêmes équipements (capteurs et pilote) fournis par NKE Marine Electronic.
Mais certaines de ces données ont aussi une autre fonction : elles sont utilisées par le calculateur du pilote automatique pour barrer le mieux possible. En effet, la consigne donnée au vérin, relié à la barre, va dépendre de la vitesse du bateau, de sa rotation, de l’angle du vent, etc. Le pilote va même pouvoir anticiper certains mouvements du bateau !
Le pilote automatique barre très correctement. Moins bien qu’un humain la plupart du temps, mais parfois aussi bien et même mieux qu’un skipper très très fatigué.
C’est mon meilleur ami à bord. Il paraît même que certains donnent un nom à leur pilote automatique !!
Sur ma première Solitaire du Figaro en 2015, j’ai dû faire face à un black-out complet de mon électronique pendant une étape. Une belle galère pour trouver l’origine du problème, car quand on bricole la tête dans le tableau électrique et qu’on n’a plus de pilote, le bateau fait n’importe quoi, et pendant ce temps là les concurrents n’attendent pas !
Mais un sacré souvenir et une sacré fierté d’avoir pu trouver la panne et continuer la course.
Côté informatique, j’ai à bord un ordinateur, relié à un GPS et au système anti-collision. Je vois ainsi en temps réel la position de mon bateau sur la carte, et celle des navires équipés d’un système anti-collision (pêcheurs, cargo… et concurrents s’ils ne sont pas trop loin de moi).
Je peux aussi afficher les fichiers météo chargés à terre avant le départ (en Figaro, il est interdit d’en charger en mer), et calculer la meilleure route à suivre en fonction de cette météo et des performances théoriques de mon bateau.
Bref, on ne dirait pas mais derrière ses apparences spartiates, mon Figaro regorge de technologies !
En mer, il faut ensuite trouver le bon équilibre entre écouter son feeling et se fier aux chiffres, entre passer du temps sur la cartographie ou être dehors à régler et barrer le bateau.
Tout un programme !
« Comment tu t’alimentes à bord ? Est-ce qu’il y a une cuisine et des toilettes dans ton bateau ? »
La nourriture est un point essentiel pour moi en mer !
Bien sûr il faut s’alimenter correctement pour compenser la dépense énergétique liée à l’activité physique, mais c’est aussi un moment de réconfort et de plaisir qu’il ne faut pas négliger !
Problème : Entre les mouvements du bateau, le temps que j’ai à consacrer à la préparation d’un repas…. et le fait qu’il n’y a pas de cuisine à bord, c’est difficile d’être ambitieux sur le recettes !
Pour mes repas principaux, je mange des plats sous vide en rations individuelles, ou des plats lyophilisés. Pour chauffer l’eau, j’utilise un réchaud de camping, que je peux fixer à différents endroits du bateau. Je mange aussi beaucoup de fruits, qui se conservent très bien pour une étape de Solitaire du Figaro (pommes, bananes…). Il m’arrive aussi souvent de partir avec des salades de pâtes ou quiches pour les premières 24h de course.
En complément, pour un apport calorique optimal, je mange des barres énergétiques et m’hydrate avec de la boisson de l’effort. J’ai la chance d’avoir ERGYSPORT comme partenaire qui me fournit tous ces compléments !
Ensuite, il m’arrive aussi très souvent de grignoter ! Surtout en cours de nuit ! J’embarque systématiquement des biscuits, des fruits secs, du saucisson ou de la viande séchée, du fromage, parfois même quelques bonbons… ça procure quelques petits moments de pause méritée. Il m’arrive même de me fixer des « objectifs » du style « allez encore 30min à la barre et je peux aller chercher un morceau de saucisson à l’intérieur » !
Et même si désormais en mer on est très loin de la boîte de conserve d’antan, le premier repas à terre après plusieurs jours en mer a quand même une saveur toute particulière ! Et je dois bien avouer qu’entre deux étapes de Solitaire du Figaro, je passe mon temps à manger (beaucoup) !!
Ah et j’oubliais la première remarque des gens qui visitent mon bateau : « Mais où sont les toilettes ? ». Et bien il n’y en a pas, un seau fait office de toilettes et ça fonctionne très bien !